Géographie de la contestation : une étude sur le mouvement des gilets jaunes et la montée du populisme en France

La montée d'une géographie du mécontentement mise en évidence dans des études récentes met en évidence une forte association entre le vote pour les partis populistes et les territoires en difficulté socio-économique. Si le mécontentement a principalement été abordé à travers l'analyse des votes populistes, nous apportons ici des éléments d'analyse complémentaires en comparant ces votes populistes au mouvement des Gilets Jaunes, et nous distinguons les votes populistes issus du parti d'extrême gauche et ceux issus du parti d'extrême droite. Nos résultats mettent en évidence que les partisans populistes français ne peuvent être confondus avec les militants du mouvement des Gilets Jaunes, et que leur sensibilité aux dimensions territoriales diffère également, notamment en termes d'accès aux services publics. La géographie de la protestation prend des formes multiples et ne peut être réduite à une simple opposition entre les zones urbaines et les zones majoritairement rurales ou périphériques. Il s'agit d'un signal qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à la dynamique des territoires et aux effets délétères de la métropolisation et de la fermeture des services publics dans les territoires périurbains et ruraux.